KIRIKOU

Publié le par bruno pilloix

KIRIKOU

Kirikou parait s'être assoupi, en pleine galipette, subitement frappé de fatigue par un long périple à quatre pattes. Les fesses culminent, provoquantes, et encouragent la caresse de mains envieuses et finalement mal contenues. <<Il dort, j'en profite !>>. Mais il n'en est rien. Un examen plus approfondi de son visage révèle une intense concentration, inhabituelle pour un si jeune enfant.

Kirikou n'est pas un petit africain comme les autres, mais un héros de dessin animé : Né investi d'une mission, il échafaude une stratégie pour délivrer son village de l'emprise maléfique de Karaba la sorcière et ... vous  en saurez plus en allant voir le film !

Mais en Afrique, restons. La serpentine du Zimbabwe, dans laquelle est taillée le chérubin, nous y invite. Cette roche  métamorphique, à l'aspect de peau de serpent, d'où son nom, est largement utilisée par bon nombre d'autochtones pour pratiquer la sculpture en taille directe comme d'autres le labourage ou le pâturage. Certains de ces artistes parviennent à sublimer l'art local traditionnel : Sans autres références que les leurs, faute d'avoir un jour visité un musée ou consulté une édition d'art, ces sculpteurs partent le plus souvent de la forme brute de la pierre pour tirer de leur imaginaire des êtres, animaux ou humains, en prise directe avec leurs croyances ancestrales. Sauvegardant par endroits la croûte ocre de la serpentine pour répondre, en écho, aux bleus, verts, bruns, rouges et autres tons révélés après un polissage minutieux et magnifiés par une patine à l'huile, ces artistes-là atteignent les plus hauts sommets mondiaux de la sculpture. Une force énorme se dégage  des formes simples et épurées au point de ressentir leurs oeuvres comme habitées, voire hantées.

Etrangement, ces sculpteurs du Zimbabwe évoquent, par bien des aspects, leurs confrères Inuits, diamétralement opposés sur le clobe (chaud/froid, nord/sud), mais unis par la même serpentine, la même représentation symbolique de l'au-delà, la même épuration des formes et aussi le même relatif isolement. L'adage discutable "des extrêmes qui se rejoignent" s'applique là parfaitement, mais nous laisse sur notre faim pour ne serait-ce qu'un début d'explication sur le pourquoi. Du moins, n'ayant posé la question qu'à moi même, n'ai-je pas trouvé de réponse satisfaisante. Certes, le premier homme serait bien né en Afrique mais tous les hommes ne savent pas préparer le couscous pour autant !

Personnellement, il m'aurait beaucoup plu qu'Homo Erectus, en partant à la conquête du monde, ait ensemencé dans les terres froides de mon Dauphiné natal quelques gênes artistiques dont je puisse revendiquer la filiation. Faute de cela, il me reste la serpentine verte de Savoie, plus accessible, pour rêver, sans toutefois oublier de porter un masque, non pas africain mais anti-poussière, à cause de l'amiante largement contenue dans la version française de cette roche. Aussi, ai-je des excuses !

Publié dans sculptures.pilloix

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B
Je me suis permis de publier la photo de ton adorable Kirikou dans mon blog pour accompagner une jolie histoire. J'espere que tu es d'accord. Pourrais-tu m'en donner les dimensions? Est-ce une piece unique ? parceque la sculpture sur la photo sur le site http://www.palettedestalents.fr/pilloix1.php parait etre en bronze.Mon Blog: http://lingni-net.blogspot.com/Bernardhttp://lingni-net.blogspot.com/
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